w}Nem / why ?

Nemesis & Kazran

Tu observais d’un oeil rêveur les valises posées sur ton lit à baldaquin, un sentiment de renouveau qui te gagnait soudain. T’avais pourtant pas le coeur en fête. Toi, Kazran Nott. Le bon fils, le dévoué. T’avais osé mettre à mal des années d’une éducation stricte basée sur le service que tu devais rendre à tes aînés. Ton père, ta mère. Ton clan. Tu les avais tous laissé tomber. Pourquoi ? Pour cette putain de bonté d’âme qu’on te collait tout le temps. Parait-il que t’es un mec sympa. Trop, pour une personne de ton rang. Une âme noble avec un entourage de démons. T’aurais pu tout leur passer. Parce que là où le monde ne voyait que des sangs purs perfides et abjectes, tu voyais un ami, un homme drôle ou une femme spirituelle. Toi, tu étais dans leur monde, tu savais que tout n’était pas tout blanc ni noir. Ou du moins, tu l’espérais encore. La chute du ministère avait changé ta vision des choses. La traque systématique des nés moldus, et ces morts à foisons… Tu n’avais pas pu fermer les yeux aussi fort que tu l’aurais pensé. Alors quitte à passer pour un traître, tu avais choisi de renier en bloc toutes ces convictions que les Nott embrassaient sans broncher.
Alors t’étais là. Seul, perdu dans une chambre impersonnelle des trois balais. Installé là depuis quelques semaines, à chercher un sens à ton existence. A savoir quoi faire, qui contacter. Le vieux Dumbledore, à la tête du Sanglier, t’avait accosté, la veille. Informé de ta défection. D’ordinaire, ça t’aurait inquiété, de savoir que l’Ordre du Phénix parlait sur ton compte. Mais par ces temps là, tu y trouvais davantage une source de réconfort. Tu n’étais plus un sang pur, désormais. Furieux de ce qu’il considérait comme l’acte d’un lâche, ton père avait brûlé tous tes biens. Il avait même détruit toute trace de ton portrait sur la tapisserie de votre famille. Tu n’étais plus le bienvenue chez toi. Traître à ton sang. Comme ceux de l’Ordre, privés d’honneur. Tu n’aurais jamais pensé le dire un jour, mais tu étais plus comme eux que comme les tiens, désormais. Cette idée ne t’avait jamais retourné l’estomac. Au final, ton choix n’était qu’une question de temps. Un peu naïvement, tu espérais que tu n’aurais jamais à le faire. Que cette guerre se terminerait rapidement, de préférence à l’avantage des plus modérés. Que tu n’y perdrais trop rien. Tu avais fait une croix sur ton père depuis longtemps. Obnubilé par le mage noir, il le suivrait forcément dans sa chute. Mais tu espérais pour ta mère. Et pour Nemesis. Elles étaient les raisons pour lesquelles tu n’étais pas parti plus tôt. Et comme les autres, elles te haïssaient, à présent.
Las, tu te laissais tomber à côté de ta valise, les ressorts du matelas ralentissant ta chute. Tu n’avais rien fait de ta journée, pourtant tu semblais épuisé.